« Regards sur l’Education 2024 » : « l’exception » française ?

Dans le rapport annuel de l’Ocde, on relèvera, sans trop de surprise malheureusement... , des « exceptions françaises » qui ne vont sans nul doute pas dans le bon sens. Car la réalité des chiffres est sans appel : temps de travail supérieur à la moyenne des autres pays ...mais une rémunération pourtant inférieure à la moyenne !
Quelques éléments à la lecture de ce rapport 2024.

Les exceptions françaises sautent aux yeux dans le rapport annuel de l’OCDE. Salaires, temps de travail, privé-public : on s’aperçoit dans la publication Regard sur l’éducation 2024 que le temps de travail des enseignants français est supérieur à la moyenne des autres pays.
Par contre, la rémunération est inférieure à la moyenne. L’enseignement privé est aussi davantage financé par l’argent public.

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En France, les enseignants travaillent plus et gagnent moins...

Le rapport souligne que le temps de travail des enseignants est supérieur à la moyenne des pays de l’OCDE : « En France, les enseignants du premier cycle de l’enseignement secondaire doivent enseigner 720 heures par an en 2023. Ce chiffre est supérieur à la moyenne de l’OCDE, qui est de 706 heures par an ».
Mais...si le temps de travail est supérieur … les salaires, eux, sont inférieurs à la moyenne des pays de l’OCDE. Seuls les débuts de carrières ont connu une augmentation durant les trois dernières années.
Compte tenu de l’inflation, les salaires des enseignants français ont donc très peu augmenté par rapport aux autres pays.
Le rapport indique et confirme que les salaires sont restés quasi stables entre 2015 et 2023, avec l’inflation :
« En termes nominaux (c’est-à-dire en prix courants, sans tenir compte de l’inflation), les salaires statutaires ont augmenté de 15 % en France pour les enseignants du premier cycle de l’enseignement secondaire ayant 15 ans d’ancienneté. La majeure partie de cette augmentation a permis de compenser la hausse du coût de la vie. En termes réels (c’est-à dire corrigés de l’inflation), les salaires des enseignants sont restés stables sur la période de huit ans en France (+1 %), contre une augmentation moyenne de 4 % dans les pays pour lesquels des données sont disponibles ».

En France, moins d’investissement aussi dans l’Education.

Selon ce rapport, c’est une augmentation de 2,4% en moyenne dans les pays de l’Ocde qui est pointée pour les dépenses par élève équivalent temps plein. En France pourtant, l’augmentation est de 1,8 % pour l’enseignement élémentaire, donc inférieure à la moyenne mais tient compte de la connaissance des effets des inégalités « dès le berceau ».
Dans le secondaire, la dépense est restée constante (+0.1%) quand elle augmente de 1.8% dans le reste de l’OCDE.
Il est cependant précisé que « la France, en 2021, consacre 5,4 % de son produit intérieur brut (PIB) aux établissements d’enseignement allant de l’élémentaire au supérieur. C’est plus que la moyenne de l’OCDE, qui est de 4,9 % du PIB ».
Mais les dépenses françaises d’éducation, du primaire au supérieur, sont inférieures à la moyenne des pays de l’Ocde.
Exemple significatif : alors que depuis Blanquer le gouvernement vante "sa priorité au primaire", entre 2015 et 2021, la dépense dans ce secteur à crû de 1,8% contre 2,4% en moyenne dans les pays de l’Ocde.

Mais... davantage de finances pour les écoles privées

Le pourcentage d’élèves scolarisés dans des établissements privés sous contrat est proche de la moyenne de l’OCDE. Selon l’étude, « en France, 14 % des élèves de l’enseignement élémentaire sont inscrits dans des écoles privées en 2021. La moyenne de l’OCDE est de 15 %. »
Mais l’État français finance largement les établissements sous contrat, subventionnés à ¾ par l’argent public comme le confirment des enquêtes, des rapports parlementaires ou celui de la Cour des comptes.
L’étude de l’Ocde 2024, Regards sur l’éducation 2024 souligne l’investissement supérieur de l’État dans les écoles privées : « 73 % du financement de ces écoles provient de sources publiques. La moyenne de l’OCDE est de 59 % ».
Une générosité de l’Etat confirmée vis-à-vis des établissements privés et plus élevée que la moyenne des pays de l’OCDE. C’est aussi une constante dans les pays de l’OCDE sur les élèves favorisés surreprésentés dans les établissements privés.

Un métier en crise

Le rapport pointe aussi que « la plupart des pays sont confrontés à une pénurie d’enseignants, plus particulièrement en mathématiques et en sciences. Parmi les 21 pays inclus dans l’analyse, seules la Corée, la Grèce et la Turquie n’ont pas fait face à une pénurie d’enseignants au début de l’année scolaire 2022/23 ».
Mais l’OCDE propose une partie de la solution pour pallier cette crise de recrutement. « L’augmentation des salaires et des allocations pourrait permettre aux pays de recruter et de retenir un personnel enseignant de qualité, tout comme l’amélioration des conditions de travail ».

Chiche !

Ce rapport de l’Ocde prouve une fois encore que l’investissement dans l’éducation est nécessaire et que l’action régulatrice de l’Etat est primordiale si l’on veut réellement s’attaquer à la montée des inégalités dans le parcours scolaire et professionnel des Françaises et Français.
Ce rapport confirme aussi en effet que le "le niveau d’études des parents a un impact important" sur celui des enfants... Alors que 80% des personnes dont au moins l’un des parents est diplômé du supérieur le sont devenues à leur tour et ce chiffre chute à 25% quand aucun parent n’a de diplôme supérieur....

«Regards sur l'Education 2024 » : l'« exception » française ? En France, les enseignants travaillent plus et gagnent moins...

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