SNUipp-FSU 14
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Pas de futur pour l’expérimentation marseillaise !
vendredi, 3 juin 2022
/ laurenceg
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Il n’aura fallu que quinze jours après l’arrivée de Pap Ndiaye pour que l’école libérale chère à Macron resurgisse. En annonçant à Marseille la généralisation de l’expérimentation sur les écoles, Macron continue d’organiser et d’accélérer le démantèlement du service public
d’éducation.
Alors que les collègues attendent des moyens supplémentaires pour exercer au mieux leur profession et des perspectives salariales, une telle annonce est une énième provocation d’un président sûr de sa politique régressive.
COMMUNIQUE DE PRESSE du SNUipp-FSU
Paris, le 2 juin 2022
Pas de futur pour l’expérimentation marseillaise !
Emmanuel Macron annonce une généralisation dès l’automne prochain de « l’école
du futur » alors que l’expérimentation marseillaise a tout juste débuté. Ce projet
remet pourtant en cause gravement les principes égalitaires qui fondent l’école
républicaine.
Alors que l’Education Nationale est au plus mal avec des inégalités scolaires
renforcées, une crise d’attractivité qui perdure et s’accentue, des conditions de
travail et d’enseignement dégradées… la première mesure annoncée après les
élections présidentielles est de conforter un projet néolibéral qui va à l’encontre des
besoins de l’école et des personnels.
Si les écoles en éducation prioritaire bénéficient de davantage de moyens, c’est
dans la logique de donner plus à celles et ceux qui ont moins au vu de critères
objectifs comme les catégories socio-professionnelle des familles. Ce n’est pas le
cas pour ces 59 écoles où le seul critère est la rédaction d’un projet “innovant” et
dont 21 ne sont même pas en éducation prioritaire. Ces écoles bénéficient pourtant
chacune d’un quart de décharge de direction et d’une partie de la dotation
spécifique de 2,5 millions d’euros attribuée en fonction de leur projet sans clé de
répartition définie. Pendant ce temps, la grande majorité des écoles en éducation
prioritaire n’obtient aucun autre moyen supplémentaire tandis que la rénovation des
174 écoles délabrées de la ville débute très lentement.
Au sein de ces 59 écoles, le recrutement se fait désormais sous forme de poste à
“exigence particulière” avec une commission où siège le ou la directrice et un ou
une adjointe de l’école. Un fonctionnement qui déroge au système égalitaire de
nomination jusqu’alors à l’œuvre d’autant que ces postes ne demandent pas de
spécificité. Ce nouveau système entraîne de fait un nombre de postes non pourvus
inédit dans certaines de ces écoles.
Cette expérimentation est à la fois une application avant l’heure de la loi Rilhac qui
entend instaurer une forme de hiérarchie au sein des écoles et la fuite en avant du
modèle des “contrats locaux d’accompagnement” qui contractualise l’octroi de
moyens supplémentaires et débouche sur une école à plusieurs vitesses.
Sa généralisation entraînerait une mise en concurrence des écoles pour l’attribution
de moyens, le démantèlement du système de nomination des personnels, la
création d’un nouvel échelon hiérarchique et ouvrirait la voie à une possible
adaptation locale des contenus scolaires… C’est cette feuille de route que vient de
tracer aujourd’hui le président au nouveau ministre de l’éducation.
Le SNUipp-FSU réfute totalement cette vision de l’école. Le service public
d’éducation doit répondre à plusieurs urgences déterminantes avec la nécessaire
résorption des inégalités scolaires, de la crise historique du recrutement, du
déclassement salarial des personnels… La rue de Grenelle doit répondre aux
véritables enjeux de l’école.
Le SNUipp-FSU mobilisera les personnels pour s’opposer à ce projet néolibéral. Il
appelle, dans un premier temps, la communauté éducative à s’emparer
massivement des élections législatives pour faire entendre d’autres voix pour l’école
publique.